Maison provinciale, Fleuriot : 30 juin 2024, ouverture des Exercices spirituels des Salésiens en Haïti par le Provincial, R. P. Morachel BONHOMME
Très chers confrères et amis,
J’ouvre grand mon cœur, mes bras et ma vie pour vous souhaiter la plus cordiale bienvenue à notre retraite annuelle qui se veut un moment fort, une rencontre personnelle avec le Seigneur. Je sais avec certitude que le Seigneur dirige les affaires de son Église. Oui nous sommes en liesse, nous n’avons pas eu la chance d’être ensemble et en présentiel durant toute l’année. Notre première rencontre nous conduit au Mont Tabor pour contempler le Dieu saint et bon.
En effet, notre retraite est une pause annuelle d’une semaine pour la prière, selon les recommandations de notre Père Don Bosco (R.G.72). En termes spirituels, c’est l’équivalent du contrôle technique d’un véhicule ou d’une visite médicale pour les personnes : il s’agit de voir en présence de Dieu comment se déroule notre vie chrétienne et d’examiner ce que nous pouvons améliorer.
C’est un temps privilégié pour chacun de nous, un temps pour goûter l’amour de Dieu pour nous et en nous : aimer beaucoup le Seigneur, le chercher, comme Pierre, pour avoir une relation intime avec lui. C’est aussi un dialogue verbal ou silencieux, un dialogue entre deux personnes, face à face, sans se cacher dans l’anonymat. Nous avons besoin de faire ces exercices spirituels pour raviver la flamme de notre vocation, la flamme d’amour que le Seigneur a allumée dans nos cœurs mais qui est parfois imperceptible quand l’esprit vagabonde.
En effet, en grande majorité, la vie est vécue en réponse à des attentes : chaque jour, des objectifs de base qui doivent être accomplis selon les responsabilités de chacun. Ces responsabilités assumées, en particulier envers les autres, sont des actes de service et/ou des œuvres de miséricorde. Cependant, il n’est pas possible de donner ce qu’on n’a pas : il est donc nécessaire pour chacun de prendre des temps de solitude afin de se ressourcer, de se refaire mentalement et de retrouver des forces neuves.
Durant ces jours, le prédicateur nous aidera à introduire les réalités de la vie chrétienne qui sont la colonne vertébrale de ces journées. La vie religieuse ou tout simplement la vie chrétienne ne nous conduit pas à nous identifier à une idée, à nos semblables, mais à une personne : Jésus-Christ.
L’important, c’est le silence – Sainte Thérèse de Calcutta disait que “le silence nous donne une nouvelle vision de toutes choses” – et ne pas oublier que ce qui est proposé n’est pas de vivre une retraite perpétuelle, mais que cette pause annuelle permette à l’Esprit Saint de remplir de lumière tous les coins et les recoins de notre vie ordinaire, dans notre mission, dans l’accomplissement de nos devoirs ordinaires (cf. Opus Dei).
Cultivons le silence qui donne toute sa valeur à nos paroles. Il constitue une attitude adéquate pour un dialogue franc et sincère avec Dieu.
Le silence cultivé dans une retraite spirituelle facilite une meilleure réponse aux appels constants et persistants du Seigneur.
Notre monde plein d’activités, de bruits, d’informations, de sollicitations, fait naître la peur du vide. Internet, téléphone cherchent à combler cette peur du néant.
Le résultat : on ne sait plus se retrouver face à soi-même. Cela fait peur car le silence fait surgir des questions existentielles telles que : pourquoi je vis ? D’où̀ je viens ? Où je vais ? On a peur de ces questions car il n’y a pas de réponse toute faite. Elles renvoient au sens de la vie. (Jean-Marie Petitclerc, sdb).
Chers confrères, ne confondons pas la retraite annuelle avec une assemblée : on se retrouve, on donne des blagues, on parle de tout et de rien. Par contre la retraite nous éloigne physiquement des autres pour nous rapprocher de Dieu afin de faire le plein pour qu’à la fin avoir une meilleure relation et compréhension, de l’autre, de la réalité, grâce à des questionnements sur son environnement, le don de soi, sur son identité charismatique et sa mission apostolique. Mes frères, c’est pour nous l’occasion de méditer, de prier, de se reconnecter au Seigneur, de ressentir de la joie et de retrouver la paix intérieure. Ç’aurait été mieux loin de l’agitation du monde, dans la campagne, pour contempler la nature autour de soi, observer les arbres et les fleurs, écouter le chant des oiseaux. C’est une très belle occasion qui nous est offerte pour contempler le miracle de l’existence et surtout pour se rappeler que vous n’êtes pas ce que vous accomplissez, que votre identité ne réside pas dans le faire, mais dans l’être.
Prions pour que durant notre retraite, sous la mouvance de l’Esprit Saint, nos rêves fleurissent d’une charité inventive, d’un témoignage palpable et réel de communion parce que le pardon et la réconciliation ne sont pas de vains mots mais des actions concrètes, une émanation du cœur, une volonté manifeste, fruit d’une obéissance christique, autrement dit, un acte de foi qui incite à rechercher la volonté de Dieu dans les événements et les défis de la vie.
Je veux conclure avec Charles de Foucauld : « Seigneur, daigne me donner le sentiment continuel de ta présence, de ta présence en moi et autour de moi (…) qui fait qu’on se tient devant son frère avec un grand désir et une volonté de faire tout ce qui est bon pour lui, et une grande crainte de faire, dire ou penser quelque chose qui lui fasse mal. Amen ».
Bonne retraite!