Une pause d’espérance dans un pays en tension : respirer, rêver, rebondir ensemble • CDAM
CDAM, le 3 avril 2025. Il fallait bien un moment comme celui-là : une trêve douce, une halte intérieure, une parenthèse fraternelle au cœur du tumulte haïtien. Ce jeudi 3 avril, les Collaborateurs et Collaboratrices du Centre Diocésain des Arts et Métiers (CDAM) ont vécu une récollection de Carême pas comme les autres, portée par un thème aussi profond qu’inclusif :
« Marcher ensemble, semeurs et semeuses d’espérance : une pause pour soi, sa famille et son avenir. » Une proposition pastorale audacieuse, ancrée dans la réalité, ouverte à toutes les croyances, et surtout… revitalisante !
Une entrée en matière à la Don Bosco… et à la respiration profonde
C’est P. Mytilien André, Coordonnateur des Études et Responsable de la Pastorale du CDAM, qui avait préparé cette rencontre avec le cœur – et un petit brin d’imagination pastorale. Après un mot de bienvenue chaleureux et le rappel du thème, l’ambiance a vite basculé dans une atmosphère paisible et apaisante. La musique douce a enveloppé la salle… et nous voilà parti.es pour un petit exercice corporel.
Non, personne ne s’est mis au yoga ni au taï-chi, mais presque !
« Inspirez profondément… Expirez les tensions. »
Puis, les mains ouvertes sur les genoux – comme des antennes intérieures :
« Ouvrir les mains, ouvrir le cœur. »
Un symbole simple pour dire : ici, on se donne le droit de s’arrêter, de sentir, de s’écouter. Pour soi, pour sa famille, pour demain. Rien que ça.
Haïti, entre douleur et lumière
La suite a emporté les participant.es dans une expérience visuelle forte : un diaporama sobre mais puissant, mêlant paysages haïtiens, visages d’enfants, luttes quotidiennes, gestes d’amour, éclats de sourires, mains sales et cœurs grands. Le tout sur une bande sonore qui avait le goût du courage. Ici, pas de discours pesant. Juste des images pour reconnaître la beauté et la force au cœur du chaos.
Puis, silence… On ferme les yeux. Une méditation guidée invite chacun.e à se poser la question que l’on évite souvent :
« Où en suis-je dans ma vie aujourd’hui ? »
On pense à son cœur, à ses rêves, à son énergie. À vrai dire, si l’on avait branché un stéthoscope spirituel dans la salle, il aurait entendu beaucoup de soupirs… et quelques larmes discrètes.
Trois colonnes pour remettre sa vie en page
Ensuite, on est passé à l’écriture. Un exercice personnel, simple mais costaud :
Moi-même : Comment je vais, vraiment ?
Ma famille : Comment je soutiens mes proches ?
Mes projets : Quel rêve me tient encore debout ?
Il n’était pas question ici d’avoir de « bonnes réponses ». Il s’agissait juste de s’écouter écrire. Et ça, c’est déjà un acte de résurrection.
Des mots du Pape, et des gestes de solidarité
Mytilien a ensuite proposé un extrait du message de Carême du Pape François. Un texte fort, rappelant que la solidarité n’est pas une option, mais un acte vital. Dans un pays où chacun.e lutte parfois seul.e pour survivre, cette parole est tombée comme une pluie fine sur une terre assoiffée : Nous avons besoin les un.es des autres. Ensemble, c’est encore possible.
Dans ce même esprit, l’animateur a partagé quelques mots vibrants sur la résilience haïtienne, sans naïveté mais avec foi. Il a évoqué nos familles, nos voisin.es, nos collègues, et l’importance de croire en demain. Une pédagogie de l’espérance à la sauce salésienne : ancrée dans la réalité, mais tournée vers le ciel.
Nos forces communes… bien plus qu’on ne le croit !
Un autre moment interactif a permis aux participant.es de nommer la qualité ou la valeur qui les aide à avancer. Certains ont écrit sur papier, d’autres directement via leur téléphone. Résultat ? Une pluie de mots puissants : Force, détermination, patience, amour, partage, confiance, reconnaissance, sagesse, prière… Un bouquet d’humanité, un miroir lumineux tendu à chacun.e. Ensemble, ces mots ont formé « Nos Forces Communes ». À encadrer !
Un engagement personnel pour ne pas rester au point mort
Puis, moment charnière :
« Que puis-je faire, dès demain, pour avancer mieux avec ma famille, dans mon travail, pour être un artisan ou une artisane d’espérance ? »
Et les réponses ont fusé. Pas des discours, mais des décisions concrètes :
Investissements, ponctualité, économies, travail, business, élevage, création de mutuelles…
Quand l’espérance devient stratégie, elle fait bouger les choses. L’avenir ne se rêve pas, il se construit, même à petit pas.
Un au revoir priant… mais pas triste !
Pour clore cette pause bienfaisante, une dernière prière a été proposée. En fond, une musique douce, et dans les cœurs, chacun.e confiait à Dieu – ou à sa force intérieure – ses projets, ses luttes, ses rêves. Le silence était habité, profond, sincère.
Puis, mot de remerciement de P. Mytilien. Et, comme dans tout bon film, une surprise de fin : Juliana, une des participantes, a pris la parole pour remercier l’animateur au nom de toutes et tous. Un beau geste, à l’image de l’après-midi : fraternel et inspirant.
En route vers Pâques… les mains pleines d’engagements !
Cette récollection n’a peut-être pas changé les Cayes, voire Haïti, en un après-midi. Mais elle a rallumé des lumières dans les cœurs.
Chacun.e est reparti.e avec un souffle nouveau, un petit pas en tête, une force à partager, un rêve à nourrir. Et c’est déjà immense.
À tous les Collaborateurs et Collaboratrices du CDAM, nous souhaitons du courage, de la paix, et surtout du succès dans l’engagement personnel pris durant cette belle pause de récollection : pour avancer avec leur famille, dans leur travail, dans leurs projets… comme de vrai.es artisan.es d’espérance.
Bonne montée vers Pâques ! Qu’on apprenne à vivre en ressuscité.es, même dans un pays où la mort rôde encore trop souvent.
Parce qu’Haïti mérite des semeurs et semeuses d’espérance. Et au CDAM, on en connaît quelques-un.es.
Par P. Mytilien A., sdb.